Encore un anniversaire ?
Il faut croire que les années 1986-1996 furent riches en matière de création de licences de Jeux vidéo. Biohazard (prononcé Ba-Yo-Ah-Zarde), mais des droits d’auteurs en ont voulu autrement en Occident, ce qui lui vaudra de s’appeler donc Resident Evil( prononcez: Raie-zi-dante-I-veule).
Survival Horror ?
L’ancêtre de Resident Evil, même si l’un des cerveaux de la série, Shinji Mikami, mettra bien des années plus tard à avouer que son inspiration du jeu lui est venue après avoir joué à un jeu français, appelé Alone In The Dark (1992), a pour principe de nous faire incarner un personnage assez normal ( souvent un flic) qui lâché dans un environnement hostile, ne dispose pas de capacités spéciales ou d’une barre de vie énorme.
Pour bien comprendre l’impact que la série a pu avoir sur l’industrie même du jeu vidéo, il faut la replacer dans le contexte de l’époque.
1996, la PlayStation connaît un grand succès de par le monde, mais la bataille avec la Saturn de Sega fait rage, Nintendo, Leader incontesté sur les 2 générations précédentes de consoles revient avec une console 64 Bits, et le combat n’est donc pas encore gagné pour la première console de Sony. Pour se différencier de ses concurrents, la marque qui inventa le Walkman a pour très bonne idée de draguer un public plus large dans un marché ou le « jeu vidéo console » était alors une industrie qui attirait les enfants et les jeunes ados, mais qui ne s’adressaient pas vraiment aux jeunes et aux adultes. Profitant de ce nouveau Public, mais aussi du passage à la 3D, cette période correspondant au milieu et à la fin des années 90 a permis à l’industrie de connaître un renouveau assez incroyable, et ceci même avant l’arrivée d’internet, de Squeezie et de Electric-News. Ce qui peut paraître hyper clicheton aujourd’hui, car pour le rappeler , l’action de Resident Evil se déroule dans ce qui s’apparente à un manoir hanté, peuplé de Zombies qui ont été contaminés par un virus inconnu, faisait vraiment office d’ une œuvre originale de par sa direction artistique et sa réalisation.
La scène d’introduction, support CD oblige, a été entièrement filmée avec des vrais acteurs, et pourrait tout à fait se retrouver dans n’importe quel top 10 des introductions de jeux les plus ridicules, ou les plus kitch.
Mais ramené dans le contexte de l’époque où les studios de jeux vidéo s’adressaient aussi à des adultes, il faut bien comprendre que c’était quelque chose d’assez normal et d’assez bien vu finalement. Resident Evil étant du reste l’un des premiers jeux de l’histoire sur console à se voir interdit, voire déconseillé aux moins de 15-16 ou 18 ans en fonction du pays et de leurs organismes de classification en vigueur.
Côté réalisation, les personnages sont en 3D, mais les décors sont fixes, les angles de caméra sont choisis à votre place , et la jouabilité se veut assez rigide. Côté munition, on est limité, et ce n’est surement pas le micro inventaire qui va vous permettre d’en stocker des tonnes malgré l’adversité qui vous attend dans ces lieux.
La rencontre avec le premier Zombie est un moment culte du jeu vidéo. Notre enquêteur arrive dans une pièce du manoir, sombre, un homme est assis, dos à nous. Notre personnage ne comprend pas tout de suite à quel genre de spécimen il a à faire. Une cinématique en image de synthèse s’enclenche alors…
Et le sentiment de peur qui s’en dégageait à l’époque faisait clairement partie des prémices niveau sensation dans cette industrie grandissante. Bien sûr, l’époque d’avant YouTube, d’avant Internet, d’avant les spoilers qu’on bouffe au gré de nos pérégrinations sur la toile aida évidemment à la surprise de découvrir des Zombies dans ce premier Resident Evil.
Et le premier Jump-scare vidéoludique fut.
Un sentiment de peur nous éprend pour la première fois dans un jeu vidéo. Parfois même de malaise. Oui, car le jeu est gore, car l’hémoglobine coule et tutoie souvent l’horreur et le fantastique. Un Gameplay lent où la visée au pistolet ou au fusil est fastidieuse, pas précise, où le personnage met du temps à recharger son arme, avec des munitions qui se font rapidement rares. Notre barre de vie incarnée par un oscilloscope ne nous permet pas d’encaisser beaucoup. Les personnages se déplacent lentement, le tout dans des couloirs souvent exigus. Et contrairement à certains des jeux qui lui succéderont, Resident Evil premier du nom est un jeu ou l’action n’a sa place qu’en de rares moments, car le reste du temps, il va falloir trouver son chemin, résoudre des énigmes, se taper parfois des allées retours répétitifs pour retourner sauvegarder auprès des sacro-saintes machines à écrire, qui sont éparpillées ici et là au gré que les développeurs ont bien daigner les disposer dans le jeu.
Les limitations techniques de la console obligeront du reste les développeurs à entrecouper chaque ouverture de porte par un loading qui dure quelques secondes. Ce qui aurait pu s’avérer comme une tare technique décourageant le joueur à ne pas tout explorer, voire rechigner à multiplier les allées retours,sera contrebalancé par l’esprit de survie. Si vous ne fouillez pas les pièces de fond en comble, si vous ne prenez pas la peine de fouiller, chiner chaque endroit, chaque pièce, vous réduirez ostensiblement vos chances de survie. Le Level Design et même le Game Design pousse d’ailleurs assez régulièrement le joueur à retourner dans des lieux déjà explorés, mais qu’importe, l’ambiance est là, et on frémit à l’idée de croiser un ennemi plus grand que nous , plus véloce, ou même un autre zombie. La rencontre avec l’un des premiers ennemis du jeu, qui est un Doberman zombifié, nous mettra en face de ce qu’on peut considérer comme étant l’un des premiers Jump-scare du jeu vidéo dans le couloir du jardin , et restera donc lui aussi dans les annales :
On peut aisément dire que si Pew Die Pie avait fait un Let’s Play de ce Resident Evil en 1996, il aurait vraisemblablement hurlé à la vue de ces chiens zombies.
Resident Evil premier du nom est donc sortit le 22 mars 1996 sur PlayStation au Japon. Il dépassa les 6 millions de vente à travers le monde. La série connaîtra alors un succès aussi bien en Asie qu’en Occident. Une suite arrivera dès l’année 1998, et le genre du Survival horror connaîtra sans doute ses plus belles années. De Silent Hill (1999), à des projets plus obscurs comme Dino Crisis, le genre inspirera les plus grands de l’industrie comme Square qui sortira aussi son Survival Horror avec Parasite Eve 1 et 2. 7 Films verront le jour , oscillant à un degré de qualité dont je vous laisserai juge, l’expérience m’ayant vite apprise à fuir les adaptations de jeux vidéo en films, celles-ci n’ayant que trop rarement accouché de bonnes productions. Même si la tendance va peut-être commencer à changer avec le grand nombre de projets prévu dans les années qui viennent, et on pense notamment au futur Assassin’s Creed qui est toujours prévu pour la fin d’année 2016.
Ce Resident Evil premier du nom se verra réadapté en remake sur la Gamecube en 2002. Nintendo ayant raté le coche de l’ouverture vers le public adulte initié par Sony avec Sa Nintendo 64 cherchera à rattraper son retard. Pas moins de 7 épisodes canoniques sortiront , avec un Resident Evil 0 en 2003 et un Resident Evil 6 en 2012 à la qualité douteuse. 2 Créateurs de la série ayant quitté le navire Capcom au milieu des années 2000, la relève ne fut pas extraordinaire avec un 6ème épisode raté, qui à force de vouloir plaire à tout le monde, en bouffant à tous les râteliers perdit son pari du renouveau du Blockbuster, malgré un succès commercial réussi. Néanmoins, Capcom a depuis multiplié les ressorties, les remasterisations en HD et sur tous les supports existants , PC, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, etc … Et à l’instar d’un Square-Enix , dont l’aura de ses principales séries décline depuis l’ère de la HD, Capcom semble courir après un succès passé en proposant non pas un Resident Evil 7, mais un Remake du 2ème opus sorti en 1998.
Avec un Final Fantasy 7 qui devrait sans aucun doute maintenant sortir à la vente en format épisodique, l’expérience Resident Evil Revelations 2, laisse penser qu’il en sera de même pour ce remake de Resident Evil 2. Si la qualité suit, les joueurs répondront présents, mais on espère aussi bien pour Square avec FF7 Remake que pour Capcom avec son Remake de Resident Evil 2, qu’ils renoueront avec le succès d’estime, et que les joueurs maintenant trentenaires voir quadragénaires, et nostalgiques de cette époque glorieuse seront aussi satisfaits, au risque de les perdre définitivement.
Néanmoins, Resident Evil a su traverser le temps et les âges, et la série connaît des adaptations diverses et variées , et participa largement au raz de marée de la première PlayStation.
Si Capcom a avoué s’être parfois perdu en route en sacrifiant l’aspect « survie » sur l’autel de « l’action », des pontes ont aussi avoué vouloir renouer avec l’ambiance et avec cet aspect qui faisait l’essence des premiers opus. Surement que les succès commerciaux de titres tels The Last of Us, accouplés au fait de se voir totalement ringardisé par le jeu de Naughty Dog, inspirera Capcom dans l’idée de renouer avec l’esprit de sa série. En 2016, la promotion d’un jeu passe forcément par les youtubeurs. Certains studios poussant le délire en calibrant spécialement leurs jeux pour certains d’entres eux bien connu, le Retour de L’horreur et de la survie dans Resident Evil passera forcément par le site de vidéo en streaming bien connu de Google, dans un air du temps qui veut que les jeux qui font peur, sont bels et biens présents , 20 ans après le premier Resident Evil, dans l’actualité.